Lettre ouverte au directeur de la CPAM du Havre
Monsieur le directeur,
L’implant contraceptif NEXPLANON® est un des contraceptifs remboursés par l’Assurance maladie. Il est mis à disposition des femmes désirant une contraception efficace sur recommandation de leur médecin.
Il est prescrit dans certaines situations médicales (contre indication à l’utilisation des œstrogènes par exemple, difficultés dans l’observance d’un contraceptif oral) mais aussi à la demande des femmes qui adoptent volontiers ce moyen de contraception efficace et simple à vivre au quotidien.
L’offre existante aujourd’hui en contraception permet aux médecins de trouver le moyen le plus adapté sur le plan médical tout en respectant le libre choix de la contraception de la femme. Le contraceptif NEXPLANON® est unique dans sa catégorie. Il est indispensable dans certaines situations médicales. Les jeunes femmes et les femmes de plus de 40 ans sont particulièrement concernées par ces situations.
La Haute Autorité de Santé dans une fiche mémo « Contraception chez l’adolescente » mise à jour en janvier 2015 (1), écrit « les pilules oestro-progestatives ou progestatives, l’implant progestatif et le dispositif intra utérin sont délivrés gratuitement sur prescription pour les mineurs de 15 à 18 ans en pharmacie » et signale qu’il s’agit « d’un dispositif intéressant dans les problèmes d’observances ». Ces oublis sont fréquents, sources de 44 % des grossesses non désirées chez les femmes entre 15 et 29 ans (2) et on estime à 22 millions par an le nombre de rapports à risque en raison d’un oubli de pilule (3).
Pourtant, des médecins généralistes de la région havraise ont reçu il y a quelques jours une lettre (4) les menaçant d’un recours contentieux de la part de votre caisse d’assurance maladie, pour prescription hors AMM du NEXPLANON®. Le médecin conseil chef de service entend suspendre le remboursement de ce dispositif pour les mineures et les femmes de plus de 40 ans et demande aux médecins de porter la mention hors AMM dans ces situations.
L’absence de remboursement rend de facto la prescription de NEXPLANON® impossible à un grand nombre de femmes.
Cette position est totalement inacceptable pour MG France au vu :
- du bénéfice attendu de cette contraception en terme de recours à l’IVG
- de la sécurité d’emploi de ce dispositif
- des recommandations de la Haute Autorité de Santé de janvier 2015
- de la gravité psycho-sociale des grossesses non désirées chez les mineures
- de la fréquence des situations à risque accru limitant le recours aux oestro-progestatifs après 40 ans.
- d’un égal accès aux soins quelque soit l’âge.
- de la liberté de choix de sa contraception
Nous vous demandons, monsieur le directeur de la CPAM du Havre de revoir votre attitude et de continuer à prendre en charge le NEXPLANON® chez les mineures et les femmes de plus de 40 ans, sauf à considérer l’interruption volontaire de grossesse comme la solution pour ces femmes qui n’auront plus d’autre choix.
Cette affaire met en évidence une nouvelle fois les incohérences existantes entre les autorisations de mise sur le marché des médicaments en France, les recommandations médicales émanant des autorités sanitaires et les différentes administrations. Dans cette situation, alors que les recommandations professionnelles évoluent comme c’est souvent le cas en médecine, les AMM elles, n’évoluent pas.
Veuillez recevoir, Monsieur le directeur, l’expression de nos salutations respectueuses.
Dr Gaetan Thenard pour MG76 et MG Normandie.
mgfnormandie@mg-france.fr
- http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2015-02/1emaj_contraception-ado-060215.pdf
- INPES Les comportements de santé des jeunes. Baromètre santé 2010.
- Aubin C, Jourdain, Menninger. La prevention des grossesses non désirées : information, éducation et communication. Rapport IGAS 2009.
- lettre de la CPAM aux médecins du Havre